Auteur : fye_et_kurowan
Titre : Rencontre
Fandom : Sabreclair
Personnages : Klyde et Higgins
Thème : /
Rating : G
Note : pour Nephtys

Higgins avait toujours été un sale gamin. Un gosse orphelin sans nom dont personne ne voulait, un bon à rien qui se donnait des airs de petit rebelle pour impressionner la galerie des gavroches de la cité portuaire de Ninganta. Il avait toujours vécu sa petite vie sans se préoccuper des adultes en prenant ce dont il avait besoin au moment où il en avait besoin… jusqu’au jour où il fit l’erreur de se faire attraper. Comme on ne mettait pas les enfants en prison, il fut envoyé aux galères pour servir de mousse.

Higgins ne revit plus jamais ses jeunes amis du port. Il fut embarqué de force sur le Marie-Louise et passa ses premiers jours à bord à tenter de surmonter son mal de mer tout en épongeant le pont, ce qui n’était pas des plus pratique, cela va sans dire… Le Marie-Louise envoyait aux mines d’argent les malheureux condamnés aux travaux forcés par le Tribunal souverain de Danaan. Mais, alors qu’ils faisaient halte sur une des petites îles de l’archipel pour ravitaillement, un noble monta à bord et commença à semer la pagaille dans l ‘équipage.

Deux jours après avoir quitté l’île, une grosse tempête secoua le Marie-Louise, faisant deux victimes parmi les prisonniers et de nombreux dégâts aux voiles et au grand mât. Le temps qu’ils réparent, un navire au pavillon noir - directement débarqué de l’île sur laquelle ils avaient fait halte trois jours auparavant – apparaissait à l’horizon. Pirates. Les pirates décimèrent les hommes armés, capturèrent le noble et ses coffres ainsi que les prisonniers et membres d’équipage. Quand Higgins demanda au cuisinier du Marie-Louise ce qui allait se passer, ce dernier haussa les épaules en poussant un rire plein d’ironie.

« - On va nous revendre comme esclaves sur le marché aux bestiaux de Sombreval ! Tu n’as pas vu leur pavillon ? Ce sont des corsaires Tarwiniens ! »

Le cuisinier s’était détourné du garçon avec mépris. Son ignorance l’avait profondément dégoûté et avait mis le doigt sur la réalité qui les attendait : l’esclavage ou, pour ceux qui n’offraient pas satisfaction à un potentiel acquéreur, la mort. C’est donc d’une humeur morne que les jours suivants passèrent, entre les lamentions des captifs et les cris d’allégresse et de labeur des corsaires. Higgins, lui, se voyait déjà fouetté à sang par des maîtres cruels et avait passé ces jours à fond de cale, tremblant et fiévreux. Il maudissait déjà tous les dieux qu’il connaissait - et auxquels il avait toujours refusé de croire – pour avoir façonné son destin de tant de malheurs.

Sur trois jours, les pirates ne les nourrirent qu’une seule fois de leurs propres restes. Vu la pauvre quantité, les hommes se battirent rapidement pour se donner le droit de manger quelques miettes et les plus faibles – dont faisait partie le garçon – jeûnèrent.

La troisième nuit, une grande clameur se fit entendre sur le pont, suivie d’un coup de canon, puis de deux, trois autres. Maudissant leur malchance, les captifs gémirent qu’ils ne ressortiraient jamais vivant et que le Seigneur des océans tenait à les engloutir. Des prisonniers, Higgins fut le seul qui eut le courage et l’énergie suffisants pour grimper jusqu’aux grilles afin de jeter un œil à la bataille. A dire vrai, il ne vit pas grand chose de sa position…

« - Enlève tes doigts de là moineau ou tu vas les perdre ! », l’avertit une voix puissante, juste une seconde avant qu’une hache maniée avec la force d’un taureau ne vienne faire sauter le verrou des cales. Un coup de botte plus tard, la grille n’était plus.

Il vit alors deux géants côte à côte, l’un tenant la hache qui avait ouvert la voix, un autre, de dos, qui tenait en respect deux de ses ravisseurs, sabre à la main. Bouche bée, il entendit à nouveau s’élever la voix du rouquin au briquet.

« - …Ecarte-toi aussi. Tu vas te faire passer sur le corps par tes camarades si tu bouges pas ! Un peu de nerf mon garçon ! »

L’autre géant l’aida à exécuter ce conseil en le soulevant par le col d’une grosse paluche habituée. Sitôt fait, les captifs qui virent une occasion de se faire la malle sortirent en trombe des cales et attaquèrent d’eux-mêmes les pirates tarwiniens.
La bataille dura encore une bonne demi heure avant que le pont ne soit éclaboussé du sang du dernier corsaire du nord encore debout. Les prisonniers poussèrent un grand cri de victoire et d’allégresse en reconnaissant sur le navire des géants le pavillon des corsaires de Ventury, alliés de Danaan.

Une fois avoir rendu le dernier corps tarwinien à la mer, le géant roux, visiblement leur capitaine, rassembla tous les hommes sur le pont et commença d’une voix forte.

« - Messieurs ! Ce navire est à présent le vôtre, faites-en ce que bon vous semble. Ceux d’entre-vous qui souhaitent rejoindre le mien sont les bienvenus, que ceux-là fassent un pas en avant, pour les autres, bon vent ! »

Un ricanement échappa au géant à la hache et les hommes de Danaan s’entre regardèrent quelques secondes. Aucun d’eux n’avança. Sauf Higgins.

« - Prenez-moi ! »

Le jeune blond, le menton haut levé bien qu’il tienne à peine sur ses jambes, affamé comme il était, fit rire les deux hommes.

« - Très bien moineau, on va te remplumer, tu manques un peu de muscles mais pas de toupet, j’apprécie ! »

Le roux l’ébouriffa amicalement et le poussa devant lui pour aborder sur l’autre navire. Sitôt le capitaine à bord, l’équipage reprit le bateau en mains et il fallut moins de dix minutes pour qu’ils manœuvrent le Briselame hors de portée des couleurs de l’Empire. Le capitaine se tourna ensuite vers le nouveau venu et le jaugea du regard quelques instants avant de se claquer une main sur la cuisse.

« - Je suis le capitaine Klyde et voici mon demi-frère Dexter ! », commenta t’il en désignant l’homme à la hache. « - Quant au reste de mon équipage, je leur laisse le soin de se présenter… toi tu es ? »

Le blond eut un moment d’hésitation avant de se gratter la gorge avec désinvolture.

« - J’ai pas d’nom. »

Les deux demi-frères se jetèrent un coup d’œil et le plus âgé des deux haussa finalement des épaules, déposant sa hache sur le pont.

« - Pas d’nom ? C’est trop long à crier et surtout indigne de la piraterie. »

Le garçon foudroya le capitaine du regard, persuadé d’avoir essuyé une insulte de la plus haute importance. Klyde sourit et lui ébouriffa à nouveau la crinière, s’attirant un grognement d’adolescent contrarié.

« - Je vais t’appeler… hmm… Higgins. Ca te va ? »
« - … ça fait militaire… mais… c’court et pas trop moche… »
« - Adjugé vendu ! Les gars, jvous présente Higgins ! Musclez-moi un peu ce ptit moineau et faites-en un bon marin ! »

L’acclamation hilare qui suivit sembla approuver le capitaine du Briselame même si le petit moineau boudait un peu de son surnom d’oiseau car il ne lui plaisait guère. C’est ainsi donc qu’Higgins et Klyde se rencontrèrent et ils ne se quittèrent plus par la suite, comme une paire de chaussettes dépareillées qu’on continue de porter ensemble parce qu’on les aime ainsi…

Ficlette: Rencontre

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