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Noctis Requiem
6 juillet 2010

Lecture de chapitre : tome 1 chapitre 1

Sabreclair

-Tome 1 : les exilés-

1
Histoire d’un chat et de son maître


Avant de commencer cette histoire, je me dois de vous en raconter le contexte comme il le ferait tout narrateur respectable. Nous voici en l’an mil cent soixante-douze après l’avènement de Galon, le plus grand conquérant que le continent des Sept-Flèches n’ait jamais connu. Je pourrais vous parler du système politique, économique ou militaire mais cela ne nous mènerait nulle part pour le moment car en effet, c’est auprès des gens du commun que se déroule notre histoire ; dans le petit duché de Ventury.
Passé le fleuve Espoir et les gorges Venvif, on débouche sur le vaste territoire des cruels wendigoes, la forêt Boréale. C’est sur ce territoire que se déroulera notre premier chapitre.
Près de la clairière habite un jeune homme solitaire, le bûcheron.

*    *
*

Bûcheron n’avait pas de nom. De tout temps depuis qu’il sait tenir une hache, Bûcheron s’appelle Bûcheron. Il ne se souvenait ni de son vrai nom, ni de son âge ni de sa famille. Bûcheron avait été trouvé un beau jour dans la clairière, nu et sans outil, par le vieux Airain –nommé ainsi à cause de son habileté à forger le bronze- qui l’adopta et lui enseigna à forger sa propre hache, car Bûcheron se souvenait avoir été coupeur de bois… ou tout du moins coupeur de quelque chose.
Non seulement il s’en souvenait mais en plus il le coupait en effet parfaitement. Il pouvait même en faire de petits cure-dents tout à fait régulier en moins d’une heure, ce qui lui valut bonne réputation au proche village de Soufflemort.

Bûcheron vécut dix ans aux côtés d’Airain avant que celui-ci ne ferme les yeux –à Ventury, on ne dit jamais mourir, ça porte malheur- et se retrouva à nouveau seul. Il bâtit une cabane à la clairière où il avait été trouvé et s’y installa.

Il s’y passa dix nouvelles années sans que rien de notable n’arrive à Bûcheron. Même l’âge ne semblait pas vouloir l’attraper. En effet, alors que tous les villageois commençaient à rider et à se friper, Bûcheron restait aussi lisse et beau que le jour où il fut trouvé. Bientôt, les gens commencèrent à l’accuser de sorcellerie et il fut totalement ostracisé.
Bûcheron souffrit de solitude, raison pour laquelle il s’enfonça un peu plus qu’auparavant dans la forêt pour couper son bois ; et, un jour, il trouva un animal blessé.

Une créature étrange, à la fourrure argentée et aux yeux bleus vifs. Jamais au village il ne vit de chat de cette race, non jamais ; et, bien qu’une certaine appréhension les prit tous les deux quand il avança la main, il décida de le ramener et de le soigner.
Il le nomma Solitude et le soigna.
Le soir, il l’installa au pied de son lit et entrouvrit la fenêtre afin de laisser passer les rayons de la lune ronde et se coucha…

« - Bonne nuit Solitude. »

*    *
*

Quand Bûcheron se leva le lendemain matin, il sut tout de suite que quelque chose clochait, sans vraiment réaliser de quoi il s’agissait. Il commença par bâiller, bouche grande ouverte et cligna des yeux plusieurs fois avant d’étirer les pattes avants et de faire le gros dos en se levant afin d’étirer tous ses muscles… mais là encore, il ne réalisa pas.
Encore à moitié endormi, il sauta du lit et se dirigea vers la table afin de déjeuner mais enfin… il se demanda pourquoi la table lui semblait si grande tout d’un coup.

« - Par la lame de Galon qu’est-ce que c’est que cette affaire ? » Grommela t’il en fouettant l’air de sa queue d’argent.

En y repensant plus attentivement, depuis quand Bûcheron possédait t’il une queue et marchait-il à quatre pattes ? Il écarquilla les yeux d’horreur et retourna se coucher dans le lit, fermant les yeux.
Il était tout simplement en train de faire un cauchemar, un simple et ridicule petit cauchemar de rien du tout, ça allait passer, il allait se rendormir quelques temps et quand il se réveillerait, il serait le Bûcheron habituel : deux bras, deux jambes, un mètre soixante-seize et surtout pas de queue !

Le ronflement intempestif… à moins que ce ne fut un ronronnement… lui fit néanmoins baisser les oreilles. Comment pourrait-il bien se rendormir dans un tel boucan ? Son corps ne pouvait-il pas se taire bon sang ? Et si lui était un chat, pourquoi son corps bougeait-il tout seul ? ! A moins que… non… ça ne se pouvait pas !

« - Hé ! Solitude, debout le chat ! » Feula Bûcheron entre ses moustaches en donnant des coups de pattes à ce qui fut sa tête dans la vie réelle.

Le corps de Bûcheron ouvrit un œil fatigué et bâilla avant de s’asseoir et de tourner la tête vers le félin, un air particulièrement endormi sur le visage.

« - Maaaaaaawwou ? » Demanda le corps de Bûcheron à celui-ci, avançant une main vers la tête toute féline.

Ce cauchemar semblait si réel tout à coup que Bûcheron se mit à vraiment paniquer. Ca ne pouvait pas être vrai, ça ne devait pas être possible! Comment une chose aussi absurde pouvait-elle se produire ? ! Le jeune homme voulait bien croire en beaucoup de choses, comme par exemple le fait que de vider une bouteille d’alcool promettait une descendance mâle, ou encore le fait que les wendigoes avaient une vie sociale au sein de leur groupe… mais de se réveiller dans le corps d’un matou, alors ça non ! Jamais !
Et pourtant… il fallait se rendre à l’évidence même : il était bel et bien un chat !
Comment ? Pourquoi ? Ca il l’ignorait complètement… et ce n’est pas la chose abrutie qui habitait son corps qui pourrait apparemment le renseigner.

D’ailleurs… en parlant de chose abrutie… pouvait-on lui expliquer pourquoi Solitude était en train de mordiller ses pantoufles plutôt que de les mettre à ses pieds ? !

*    *
*

Le duché de Ventury était composé de cinq régions. A la tête de chacune de ces régions régnait un prince, sous les ordres de son père, le roi Galéan, descendant du grand roi de jadis, Galon. Le prince Serval s’occupait de la province du nord, peuplée de sylphes et de nymphes ; le prince Arbalastre logeait dans la région ouest, près de l’océan. Sa court côtoyait souvent les sirènes et les dragons marins. L’est était tenu par le prince Sabreclair mais, mort, c’est son cousin qui en devint l’intendant et prit les rênes : Aldebris. Au sud régnait le prince Renzo et enfin, au centre, le prince Charn. Bien qu’il fussent tous princes, aucun d’eux ne considérait les autres comme ses frères, tous fils d’une femme différente et élevés dans leurs propres palais à l’écart des autres descendants royaux.
De mémoire venturienne, jamais prince n’appela un de ses homologues « frère » ou n’éprouva de sympathie pour aucun de ceux de son sang ; du moins pas de mémoire ‘populaire’ venturienne.
A la mort du roi de toutes façons, les princes s’entre-tuaient toujours afin d’obtenir les rênes du pouvoir et asseoir sa propre descendance sur les sièges des différentes régions…
Triste ? Du tout.
Il en fut toujours ainsi, toujours ainsi il en sera.

*    *
*

Bûcheron avait beaucoup peiné ce jour-là, à tourner en rond comme une manticore en cage, tentant parfois de manière désespérée d’attraper cette vilaine queue qui échappait complètement à son contrôle. Il faillit y parvenir par deux fois mais finit tout de même par échouer en sifflant entre ses dents d’agacement tandis que Solitude, lui, peinait à se servir d’une cuillère ou à faire les boutons de sa chemise. Quel désavantage d’avoir des pouces inversables mais de ne point pouvoir s’en servir n’est-ce pas ?
Qu’avaient-ils donc fait pour mériter cela ? Tandis que Bûcheron maudissait ces fichus poils qui lui grattaient la gorge, Solitude se trouvait repoussant avec ces grandes pattes imberbes et roses, sans griffes ; ce nez qui n’en était pas un et cette absence de moustache tout à fait insupportable !

Néanmoins, ils s’en accommodèrent pour la journée, Bûcheron pensant –ou du moins espérait-il- qu’il se réveilleraient chacun dans leurs corps respectifs le lendemain.
Les blessures du chat étaient déjà cicatrisées, sans que Bûcheron ne comprenne comment cela était possible, et, contrairement à Solitude la veille, Bûcheron n’avait aucun mal à marcher avec ce corps.

Le seul réel problème qui se posa fut celui de la préparation du repas, comme vous vous en doutez… par chance, que dis-je, par miracle ; Solitude semblait comprendre ce que son maître lui disait, et, bien qu’il fut un chat dans son esprit, il réussit néanmoins à préparer un repas convenable pour un humain.
Au grand désarroi de ces deux derniers, Solitude ne put avaler la couenne de gras du jambon qu’il appréciait tant, quant à Bûcheron, le pain qu’il tenta d’avaler faillit l’étouffer, ils furent donc contraints d’échanger leurs gamelles. A Bûcheron les restes gras et à Solitude le pain, les pommes de terre et les beaux morceaux. Leurs esprits se rebutaient mais c’était ce que leurs corps réclamaient, aussi n’eurent-ils pas le choix.

*    *
*

Le lendemain, quand Bûcheron se réveilla, il trouva non pas deux mains et deux pieds comme il le souhaitait mais quatre pattes. La frustration fut telle qu’il s’enfonça dans la forêt Boréale malgré les plaintes et les appels de Solitude dans la masure...

(Fiou... ce chapitre date d'il y a bien longtemps... à vrai dire je reconnais à peine mon écriture, ce n'est pas peu dire... enfin, tout ça pour vous signaler qu'il est prévu que je vous poste le chapitre 2 dimanche, le chapitre 3 le dimanche suivant et ainsi de suite... n'hésitez pas à commenter et à donner vos avis sur l'histoire, les personnages ou poser vos questions, c'est là pour ça! ♥)

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Commentaires
C
Wéééééé le premier chapitre ♥
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